Allah
n’est pas obligé
(Pour Kourouma, et la fulgurance de son récit...)
Birahima le Malinké
Entre Sierra Léone et Libéria,
Promène sa Kallach et ses grigris
De Small Soldier, d’enfant soldat.
Depuis longtemps déjà,
Il traîne le Birahima
Les casseroles de son passé,
Alors il les a racontées.
Et il en a vu notre Malinké,
Du haut de ses dix ou douze étés,
Avec le marabout Yakouba,
Grigriman de son état.
Allah
n’est pas obligé d’être juste
En toute
chose ici bas !
C’est un enfant des rues
Devenu enfant soldat
Orphelin qui tue
Pour le riz ou le hasch
Comme tous ces mômes qu’il a laissé
Mourir sur le bas-côté
Les Sarah, Siponni,
Captain Kid, Johnny,
Alors bandits, bandits,
Papa le bon, Johnson, Taylor, Doé,
Combien de Birahima assassinés
Pour le pouvoir et les rubis !
Allah
n’est pas obligé d’être juste
En toute
chose ici bas !
Car dans ces bouts du monde oubliés,
Les balles tracent le chemin,
La route pour ne pas avoir faim,
Prise en contre sens de l’humanité.
Les small soldiers sont des maudits,
Tout le monde en a peur et les fuit,
Plus rien d’enfant dans leurs rêves abrutis,
Par la drogue, la peur et la folie.
Birahima nous raconte les familles massacrées,
Et cette Afrique qui se vide de son sang
Ces mômes aux vies brisées,
Jusqu ‘au fond de leur corps hurlants.
Allah
n’est pas obligé d’être juste
En toute
chose ici bas !
Oui la voilà notre Afrique,
Loin des guides touristiques,
Berceau de notre humanité,
De notre étrange humanité.